Ibiza, ballade familiale

Publié le par filou-from-mars

IMG 0276

La dernière île des Baléares ne faillira pas à sa festive réputation. Villas immenses les pieds dans l'eau, néons multi colores, travestis à s'y tromper, cocktails dans une sémantique proche du kamasutra, yachts rutilants, filles très faiblement vêtues, boites de nuit en plein air, tatouages sur chaque coin de peau et bruyante musique aux basses électroniques déterminent cet endroit aux antipodes du calme de notre dernier arrêt. Gilles part demain. A notre arrivée au petit matin, après nos douze heures de traversée, nous choisissons une belle plage sur la presqu'île de Formentera. Au fur et à mesure de ce samedi, le plan d'eau se remplit de bruyants navires tous plus clinquants les uns que les autres. Plusieurs jolies demoiselles posent négligemment sur les canapés écrus du pont avant, les hauts parleurs distillant la dernière play list à la mode, alors que le personnel de bord manœuvre. Une fois celle-ci terminée, chacun d'entre eux s'empare d'un chiffon et brique les inox et les vitres fumées. Pendant ce temps là, les propriétaires profitent d'une baignade rafraichissante. DSCN0459.JPGDe notre côté, nous décidons à nouveau de tenter le raccordement de l'éolienne...cette fois, c'est bon, nous sommes totalement autonomes en énergie. La superwind flambant neuve tourne fièrement. Un peu de pub pour notre seul et généreux sponsor. A chacun ses petits succès !

Quand nous mettons un masque sous l'eau, nous comprenons vite que la fréquentation importante à la surface se ressent en sous-marin. Les poissons sont ventrus, trop gavés de chips, les algues grisâtres et le sable parsemés d'emballage divers...un peu triste. L'envers de la carte postale.

A la nuit tombée, nous regagnons entre deux ferrys, le port principal de l'île, Eivissa, temple de la vie nocturne. Nos accoutrements dénotent quelques peu en ce samedi soir. Elégance sexy côtoie l'excentricité des clubbeurs. Un verre ou deux, quelques tapas dans un bar branchouille marquent ce premier départ d'un de nos coéquipiers d'aventure. L'ambiance n'est pas à une fête jusqu'au bout de la nuit. Il va falloir s'y habituer, nous serons encore pour quelques temps ceux qui restent et disent au revoir. DSCN0319Le lendemain, sac au dos, Gilles rejoint son avion.

Une longue marche à arpenter la citadelle et ses ruelles étriquées dans la foule des week ends, nous ont convaincu de quitter les lieux rapidement. DSCN0441.JPGL'agoraphobie du marin semble t-il. Nous déposons l'ancre dans la baie voisine, au calme, après une partie de pèche côtière ayant ramené son premier poisson...de 20 cm. DSC02695.JPGDîner frugal autour de cette « belle » prise. La bateau se transforme alors en salle de cinéma privative. Nous avons mis la couette dans le carré, le portable sur les genoux. Nous sommes comme deux gosses contents de profiter de leur jouet.

Comme par provocation, le vent a tourné juste au moment d'aller se coucher pour s'orienter en plein dans l'axe de la baie. Il a sensiblement augmenté alors que des éclairs menaçants explosent à l'horizon. Une houle se lève nous chahutant passablement dans notre cabine. Pour couronner le tout, plusieurs moustiques avaient décidé de s'approvisionner en sang frais à nos dépends.

Nous nous sommes levés plusieurs fois dans la nuit pour vérifier notre mouillage et s'enduire de répulsif. Laurène m'avoue le lendemain matin qu'elle n'a pas fermé l'oeil de la nuit. Trop inquiète d'une récidive. Mes cernes attestent d'une situation comparable...C'est sûr, on va y arriver...nous relisons les paragraphes ad hoc dans notre bible marine.

Rapide passage dans le port voisin de Botafoch pour se renseigner sur les possibilités de réparation. Bilan : il y a des semaines d'attente pour sortir le bateau pour mieux examiner la quille.

Cap à l'Ouest. Les deux jours suivants, Laurène et moi sommes donc aller nous réfugier de ce trop plein d'excentricité et de bruit sur une plage isolée à quelques miles. Nous vérifions et revérifions que l'endroit est cette fois réellement protégé des vents prévus. DSCN0461Accueillante et tranquille, c'est par une armée de parasols estampillés Moët et Chandon protégeant d'immenses canapés blancs que nous avons été reçu au moment de débarquer. Un jeune et beau brun nous indique que l'endroit ferme. DSCN0463.JPGLaurène a l'air plus déçu que moi. L'endroit est en fait un haut lieu de la jet set locale à distance de la trop courue et classique donc « has been » ville. Nous en aurons la preuve le lendemain quand d'impressionnants yachts viendront déposer leur ancre près de la notre. Nous nous sommes sentis...différents...minuscules à vrai dire. DSCN0469Alors que nous brossons le pont énergétiquement, nos nouveaux voisins descendent leurs jet skis à l'aide de leur grue de poupe. Nous ne nous sommes pas décontenancés et avons mis à profit ces deux jours pour fignoler les derniers aménagements restants. S'ils ont trop de place, nous devons jouer au tetris pour tout caser. Filou doit être rangé au mieux car il accueille une petite famille d'ici peu. DSCN0466Nous nous octroyons malgré tout de sympathiques et aquatiques pauses. Je fais ma première sortie de chasse sous marine au couché de soleil. DSCN0532Bredouille, frigorifié mais heureux de ces premiers coups de palme, le sommeil sera pour une fois bien réparateur.

 

Vers 15h00 le lendemain, avec une bonne heure de retard, nous sommes accueillis par les cris d'Adrien et Raphaël trépignants sur le quai. Ils sortent à peine de l'avion. Cela en fait des moyens de transport en une seule journée. Laurène les débriefe sur les choses capitales à savoir sur un voilier. L'écoute est attentive malgré l'excitation.

Après le plein au super marché, nous mettons les voiles vers Formentera. Faire découvrir la voile à des novices est toujours compliqué. Il s'agit d'affronter des peurs parfois viscérales que génèrent la mer et ses habitants au rang desquels le requin est bien placé. Si à cela doit s'ajouter la présence d'enfants en bas âge ne sachant nager qu'en eau calme et peu profonde, l'ambiance peut vite tourner à l'obsession d'une catastrophe imminente.

DSC 1897Et finalement rien de tout cela. Les conditions de ces 4 jours de cabotage ont été plutôt clémentes avec ce qu'il faut de vent pour naviguer quasi constamment à la voile sans pour autant faire monter une mer trop impressionnante. De jolies petites criques et ports ont permis aux enfants de descendre à terre se dégourdir les pattes. DSC 1899Il n'y a pas eu de crise, pas de larme ou si peu. DSC 1993La cabine est devenu une cabane qui bouge, le carré, un circuit pour petites voitures et le pont un poste d'observation idéal de ces belles vagues et autres bateaux beaucoup plus rapides que nous. DSC_2037.JPGPersonne n'a été malade, nous avons même réussi à nous faire de bons petits plats, les enfants ont bien dormi, les parents aussi. DSC 1902Filou a donc passé avec brio son brevet de baby-sitter marin. DSC 1911Nous étions heureux de partager ce petit bout de voyage avec nos amis, Laurène reprenant ses habitudes de pédiatre rigolote, moi détaillant de fond en comble les aménagements techniques avec mon pote Mac beaucoup plus habitué que sa petite famille à la vie marine. DSC 2024Formentera, Cala Roig, île Vedra, et Cala Vedella seront nos points de chute pour ces quelques jours en famille. DSCN0549.JPGDe belles navigations toutes voiles dehors, le bateau lancé à plus de huit nœuds.DSC 1869 DSCN0486.JPGChacun s'est exercé à la barre, enfants compris, les yeux emplis de fierté devant cet énorme volant de deux fois leur taille.DSC 1925 DSC 1944Filou a retrouvé la foule dans son carré pour les repas du soir. C'était bien, c'était trop court.

DSC 1924DSC 1930Le dernier soir, nous avons du rentrer nous abriter d'un coup de vent prévu pour la nuit dans un vilain port tout bétonné. La ballade en ville nous a fait vite nous rapatrier dans notre cocon. Si Eivissa est le temple de la fête, San Antonio en est la version low cost. Les enfants n'y avaient vraiment pas leur place entre sex shop et bars glauques. Dernière soirée tranquille donc.

DSC 2008

Un grand nettoyage le lendemain matin et c'est déjà l'heure de se quitter. La Mac family plie bagage. Deuxième au revoir en quelques jours. Laurène y laissera une larme...je vérifie machinalement les amarres.

DSC 1901Après leur départ, rangement pour se mettre en ordre de marche pour quitter les Baléares direction le Sud. Un coup de vent décale le départ à moins qu'on puisse sortir le bateau de l'eau et le faire expertiser...à suivre.


Publié dans Méditerannée

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
L
Quel magnifique voyage ! j'aimerais partir aussi avec mon marie et mes deux enfants cet été à Ibiza. On n'a pas de bateau, mais je pense qu'on va se régaler en faisant de la plongée et quelques<br /> randonnées. Vous nous recommandez des routes concrètes ? merci.
Répondre
M
Au fait, Juliette était enceinte de 15 jours pendant ce séjours, ce qui explique ses nausées....
Répondre
M
He oui, les apprentis marins se sont tous régalés, mais surtout la maman qui a noyé ses vieux démons, mais je n'avais pas de doute pour une vadrouilleuse comme qui m'a suivi partout, en treck<br /> éloignés, en montagne, dans les airs, sous les mers. Les petits gars ont vite pris possession de leur quartier, casse-coup et insouscients ils n'ont jamais senti le danger et ont bien respectés les<br /> consignes du gentil pirate. Juliette est maintenant d'accord pour repartir mais j'ai eu le malheur de lui faire visiter un catamaran... on est donc parti sur de long débat de marins entre les cata<br /> et les voileux :) Merci encore à vous, bon vent et à bientot
Répondre
L
Ca y est! On a mangé du poisson frais! Et on a un un gros poulpe qui nous attend au frigo! À très vite matelot!
Répondre
S
Salut l'equipe! vous nous faites rever! on vous envie terriblement avec votre ptite vie tranquille, mais par contre Tornade pour les ceviches et les sushis j'crois que vous avez besoin d'un maitre<br /> en la matiere!!!<br /> gros bisous a vous 2, prenez soin de vous a bientot!!!
Répondre