Huahine, l'autonome

Publié le par filou-from-mars

huahine (13)Pour notre nouvelle crew, c’est leur vrai départ. Bien sûr, il y a eu la traversée de l’atoll, du nord au sud, quelques heures sous une pluie régulière, la plupart du temps au moteur dans un no man’s land marin…pour ainsi dire, pas même un avant-goût, rien d’approchant de ce pour quoi, ils sont venus. Cette sensation d’isolement, de liberté contrainte à un espace si restreint où le temps n’a plus vraiment la même saveur.

Aussi, quand nous partons en fin d’après midi de la fameuse passe Sud de Tetamanu, il y a le sentiment de quitter un endroit unique, d’une beauté intacte mêlé à la belle sensation de l’appel du large.

Nous mettons alors les voiles pour un peu moins de trois jours. Boris et Manu connaissent déjà cette ambiance particulière des quarts qui s’enchainent. Gérard s’appuie lui sur son expérience méditerranéenne avec son pote jacques du plateau Mornantais…terre de navigateurs !

huahine (14)Sur le carnet de bord, en dehors d’une météo clémente faite de vent portant et d’une houle bien orientée, un RAS vient ponctuer ce peu de commentaire. Pas de casse, pas de panne, pas de problème. Ah si, nous avons eu droit à une petite séance de couture en équilibre, une attache de la grand-voile ayant lâché. J’y ai perdu mon bronzage en quelques minutes et c’est blanc comme un cachet d’aspirine que j’ai fini ce petit exercice de style…

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Pour le reste, l’intimité de chacun garde ses souvenirs, les pensées qui s’évadent en observant le soleil disparaître derrière l’horizon, les conversations de quart, les silences, les songes improbables, les parties de cartes, les pods cast radiophoniques de Daniel Mermet ou Guillaume Gallien, les apéros chantant… bien plus qu’un RAS.

Alors que nous abordons au petit matin du troisième jour, la côte Nord de Huahine, l’équipe de France est en train de battre difficilement les nigérians, je crois. Un mauvais calcul de décalage horaire cumulé à l’agréable accueil de quelques dauphins nous a fait manqué le match…on ne peut pas tout avoir !

A l’entrée dans la baie de Fare, le son d’un puissant haut parleur indique qu’il y a une belle animation à terre. C’est le début des festivités de l’Heiva qui vont durer tout le mois de juillet. Alors que nous allons accoster au niveau de la digue principale, un voilier la quitte. C’est un bateau connu, les Papous, croisés il y a près de deux ans aux îles panaméennes des Perlas. Nous échangeons quelques mots en criant d’un bateau à l’autre, tout en tournant l’un autour de l’autre. Nous comprenons que nous ne pouvons nous retrouver cette fois-ci puisque nous prévoyons de quitter la Polynésie sous peu. Eux, viennent de passer plusieurs jours (semaines ?) à Huahine et la quitte pour Maupiti. Les sympathiques moqueries de Philippe quand à notre rythme lui paraissant effréné, nous rappellent que, dans le monde des voyageurs à la voile, nous appartenons à la catégorie des pressés. Les papous sont en effet en voyage avec leurs deux enfants depuis plus de 5 ans…

Ce sera pour une prochaine fois !

A peine à terre, alors que se déroulent des courses de pirogues, les vaaas, juste devant le bateau, une équipe est déjà en train de faire le plein de vivres pour les jours à venir. L’énorme supermarché de Huahine, le super U de Fare donne en effet sur le quai. Le moins cher de la polynésie dit-on ! Pressés nous a t’il dit…peut être.

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huahine (17)Gérard et moi sommes préposés à la surveillance de Filou et peut être au rangement…nous avons du oublier une partie de notre tache trop absorbés par le retour de pêche d’un bateau qui vient d’arriver juste derrière nous. A son bord, un immense thon qui sera pesé à plus de 100 kg, record de l’année en cours. Il semble tout aussi irréel que disproportionné par rapport à la frêle embarcation qui le transporte. Le jeune homme qui pose fièrement devant sa prise, a un sourire figé d’orgueil.

Nous apprenons la technique toute particulière pour capturer ce genre de bête. Plusieurs appâts cylindriques de 40 cm de hauteur, faits de poudre de poissons séchés sont immergés à grande profondeur, entre 150 et 250 mètres. Des pierres aident à lester ces appâts. Seuls certains d’entre eux ont un hameçon caché à l’intérieur. A la surface, une bouée fait office de bouchon. Il n’y a plus qu’à attendre. Lorsque brutalement l’une d’entre elle, plonge, c’est qu’il y a du monde en bas. Il ne reste alors qu’à suivre la bouée qui va réapparaître forcément plus loin jusqu’à qu’elle s’immobilise, marquant la fatigue de l’animal. Cruauté ou pragmatisme, il faut alors relever à grande vitesse le montage pour que le poisson fasse une sorte d’accident de décompression. Ne me demandez pas la physiologie de la chose, je n’en ai pas la moindre idée. Mais le résultat est là. Cette ascension brutale tue généralement l’animal sur le coup si bien qu’il n’y a pas, normalement, de lutte à la surface.

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Après cet arrêt technique, nous amarrons Filou au fond de la baie à l’abri de la houle. Marc Garnier, une rencontre faite à notre première venue il y a un mois nous a gentiment proposé son mouillage.

Nous profitons de cette escale pour faire quelques travaux non indispensables comme régler les problèmes de fuite, vérifier les haubans ou améliorer notre gazinière…toujours un truc à faire sur un bateau.

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Marc sera d’une grande aide et je le remercie ici chaleureusement de ses conseils et aide de bricoleur averti et enthousiaste.

Heureusement, en dehors de bosser, nous nous octroyons de belles ballades terrestres. Après les Tuamotus, la verdure de Huahine est un contraste bien agréable. J’ai même trouvé le décollage de parapente du coin, un peu en friche je l’avoue. Boris s’essaie de son côté aux gonflages de sa nouvelle aile, le vol étant un peu trop technique à son goût.

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Nous faisons nos touristes, passons dire bonjour aux anguilles sacrées, d’énormes bestiaux cachés dans un bras de ruisseau attendant d’être engraissés par le badaud.

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C’est aussi l’occasion d’assister à une épreuve traditionnelle de lever de pierre, épreuve mixte où les hommes et femmes « forts » de l’île se challengent en décollant du sol d’énormes blocs jusqu’à les maintenir d’une main sur une épaule. Cette année, le record est tombé et c’est une pierre (un rocher peut être vu la taille) de 140 kg qui sera soulevé. Gérard, notre kiné marin, a une activité toute trouvée sur l’île…le mal de dos de l’homme fort.

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Quelques belles sorties en canoë à la passe pour aller voir les surfeurs et mettre la tête sous l’eau, quelques bons morceaux de viandes new zélandaises pour faire le plein de bœuf, les quelques jours sur cette belle île nous font un peu regretter de ne pas avoir plus de temps. Huahine, la corse polynésienne, par son côté indépendantiste et sa beauté sauvage a ce caractère bien trempé des îles à part. Mais j’ai l’impression de me répéter. Heureusement qu’il ne s’agit pas de choisir l’île sur laquelle s’installer…le choix serait alors cornélien.

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Après la défaite de nos petits bleus face aux terribles allemands, une dernière plongée pour certains d’entre nous, il est déjà temps de quitter la Polynésie. Trop vite peut être…

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Nous avons cette fois, environ cinq jours de navigation devant nous. Cap sur les îles Cook !!!

 

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Publié dans Pacifique

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E
Cette île est en effet magnifique et tu n'as pas parlé des jolies vahinés qui répétaient leur pas de danse.<br /> Que de bons souvenirs qui paraissent déjà si lointains.<br /> Bises à tous les deux<br /> Bon vent<br /> Elgé
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