FAKA
Nous revoilà à Fakarava, dernière étape de notre premier voyage avec Filou. Nous avions envie d'y revenir, tant ses fonds nous avaient marqués et la richesse de ses poissons
et requins nous avaient impressionnés. Best place...
La navigation pour y arriver ne fut pas si simple cette fois-ci. Nous avons fait du près…
et c'est pas toujours sympa le près. Le bateau gite beaucoup, ça tape dans la cabine avant…
on dort difficilement…
de temps en temps on change de cabine pour que ce soit plus confortable voire plus tolérable!
Les cabines arrières à défaut d'être moins spacieuses et moins aérées sont parmi les
endroits les plus stables du bateau…
Finalement nous approchons de la passe de Fakarava de nuit, il est 3h du matin.
C'est la plus grande des passes de Polynésie, Jean Marc est confiant.
On s'approche doucement pour voir s'il y a du courant et/ou un mascaret.
Parce que c'est bien ça le problème des passes dans les atolls. Le courant peut être fort
et faire beaucoup de remous et de vagues dans tous les sens.
Il arrive que le courant défile à 8-9 noeuds. Dans ce cas mieux vaut pour nous de ne pas
nous aventurer là dedans.
Notre moteur à fond nous porterait maximum à 6,5 noeuds, pas plus.
Cette nuit là, le temps est plutôt calme malgré quelques nuages qui empêchent
régulièrement la lumière de la lune de venir nous éclairer les récifs affleurants.
Nous nous engageons et suivons strictement l'alignement
décrit par notre logiciel de navigation. Pas de mascaret. Pas de courant.
Nous sommes dans l'atoll.
Il nous faut encore prés d'une heure pour rejoindre la zone de mouillage.
Cette dernière heure me semble longue.
Cela fait 6 heures que je suis debout au milieu de la nuit. Je suis pressée de jeter l'ancre…
Les lumières du village sont plus proches. 15 mètres de fond. On mouille.
On ajustera demain dans la journée s'il le faut.
Au petit matin nous retrouvons le petit village du nord de Fakarava.
Nous allons très rapidement voir le club de plongée pour essayer de se greffer
à une plongée dérivante le jour même.
Je crois que cette plongée en particulier sera la plus belle de notre périple en Polynésie.
Etait ce parce que nous étions fatigués? Etait ce parce que nous l'avions méritée?
Une plongée mi étale (entre marée montante et marée descendante) mi dérivante rentrante.
Beaucoup de pluie.
Des rayons de lumière qui rasent la surface.
Le mur de requin, la piste de ski (une langue de sable au milieu des
coraux qui tombe dans les abysses), les coraux de toutes les couleurs et tellement préservés,
le défilé de poisson de toutes sortes, des gros, des petits, des difformes, des jaunes,
des bleus, des rouges, des noirs…
des carangues, des thons, des barracudas, des poissons ballons, des écureuils,
des balistes, des napoléons, des rascasses volantes, des demoiselles, des requins…
Des centaines de requins qui attendent patiemment une proie un peu affaiblie.
Eux ne se fatiguent pas, ils restent à contre courant presque statique,
très ordonnés mais à l'affut.
Et cette sensation de voler au dessus de toute cette faune en se laissant emporter par le courant…
Nous avons même eu la chance de voir un espadon ou un
marlin dans la lumière au dessus de nous, à la surface. Le marteau n'est pas passé loin
de nous parait il.
Et c'est avec un sourire tiré jusqu'aux oreilles que nous terminons cette plongée.
Quel festival! Définitivement, Fakarava n'a rien à voir avec les autres atolls que
nous avons connu.
Elle n'a rien a envié des autres et pourvu qu'elle demeure la petite soeur de Rangiroa
que les touristes ne viennent pas visiter.
Pour le dernier soir de Loïc et Jerôme nous décidons d'aller mouiller à l'extérieur de l'atoll,
près de la passe nord.
Une bouée se trouve à l'extérieur du récif. En nous approchant de la bouée,
des dauphins turciopes viennent jouer avec l'étrave de Filou.
Ils sont deux, un plus gros et un plus petit. Mâle et femelle ou femelle et petit?
ils ne cessent de jouer, ils sont absolument énormes!
Un peu plus loin, une autre race de dauphins pointent leur long bec, eux, sont beaucoup plus petits,
ils avancent en groupe. Certains sautent, d'autres font la course avec l'étrave.
Nous en profitons pour nous mettre à l'eau. Quel spectacle… Merci!
Loïc et Jerôme doivent repartir.
Les draps sont encore en train de sécher qu'un autre équipage embarque,
Manue, Boris, et Gérard, alias Elgé.
C'est sous un ciel très gris que nous les accueillons à la sortie de l'avion.
Et oui en Polynésie, il pleut.
Et ça arrive plus souvent que ce qu'on imagine.
Un petit mahi mahi sauce roquefort pour se mettre
au gout du jour et plongée prévue dès le lendemain.
Et pourquoi ne pas retrouver ce si beau mouillage à l'extérieur de l'atoll?
C'est l'anniversaire de Gérard.
C'est autour d'une coupe de Seyssel que nous entendons les dauphins chasser autour du bateau.
Nous partons à la passe sud, la passe TETAMANU. La bouée au milieu de la passe est libre…
Nous sommes dans la passe sud… FAK’SUD.
les requins ne se font pas attendre. Très rapidement une dizaine d'individu se postent
autour de Filou.
Ce sont surtout des requins pointes noires.
Le paysage est le même que l'année dernière, l'eau turquoise, le coucher de soleil…
C'est la période de reproduction des loches marbrées.
Un certain Laurent Balesta est là avec une équipe de tournage pour filmer ce
phénomène incroyable.
Les loches se positionnent et restent statiques pendant des jours pour
attendre "le bon moment" de la ponte.
Quand nous allons dans l'eau, effectivement le fond est quadrillé de loches
marbrées, bien ordonnées,
elles attendent le signal. Nous avons le plaisir de plonger tous les cinq.
Un feu d'artifice de poissons et de couleur dirons certains! Encore des requins,
des bancs de barracudas, un vrai jardin de corail.
Et c'est enfin la dérivante de la passe sud.
On nous annonce: "là, des requins, là, des requins, et là encore des requins".
Cette fois ce sont des requins gris, un peu plus volumineux que les pointes noires…
il y en a 700 dans la passe…
Nous pouvons les observer de près, de très près.
Certaines femelles portent des traces d'accouplement récent.
Le mâle s'agrippe comme il peut et pour cela, il mord.
Les cicatrices sur les flancs et les ailerons sont impressionnantes.
Quelques sorties snorkeling et apnées pour profiter encore et encore de
la beauté des fonds et nous voilà sur le départ.
Un marin accompagnant des plongeurs tire une traine derrière son petit bateau à moteur.
Il ne lui faut pas plus de 2 minutes pour attraper un poisson. Nous nous approchons de lui…
C'est un énorme barracuda. Cerise sur le gâteau, il nous le donne… "Maruru" comme ils disent!
C'est avec un pincement au coeur que nous quittons à nouveau cet endroit paradisiaque.
Au fond de moi, je sais que je reviendrai.