Au coeur de l'anticyclone

Publié le par filou-from-mars

DSCN0409Après ces quelques premiers jours assez mouvementés, la nature et son expression météorologique ont permis une véritable pause. Les plaies de Filou seront pansées dès avis de l'assurance. Pour l'instant, l'eau reste bien à l'extérieur de la coque, là où elle doit être. Laurène a un léger boitement. Un des ses doigts de pied a été perdu dans la bataille. En médecin avisée, elle s'est auto-diagnostiquée une fracture non déplacée de la tête du métatarse du 3ème...ou de la base de P1...Ceci ne méritant que le mépris et la patience comme traitement, dit elle. Je lui prescris pour ma part, une psychothérapie de soutien par principe ainsi que de rester un maximum de temps en cuisine pour ne pas risquer de nouveaux chocs. Il ne faudrait surtout pas perdre notre petite expertise médicale en mer...En attendant, elle grimace à chaque fois qu'elle pose le pied droit. Souvenir de décrochage, dirons nous. Je ne sais pas si c'est lié mais elle a fait d'énormes progrès dans la préparation de petits plats même avec une gîte de 45°...sans compter qu'elle au moins assume tous ses quarts, contrairement à d'autres sensibles de l'estomac !

Les vents sont devenus cléments voire absents transformant notre embarcation en une péniche instable. Nous étions prévenus, c'est un peu la loi du tout ou rien en méditerranée avec une alternance rapide et parfois imprévisible. Mais pour l'instant, nous sommes au cœur d'un anticyclone amenant un ciel bleu, une température fort clémente quand on compare avec celle dont nous avons l'écho en France. La peau se tanne, la barbe et les mèches blondissent, la crème solaire embaume le carré, l'ambiance suit. Le trio infernal a donc continué sa route vers le Sud Ouest en quittant Minorque pour Majorque. Une longue navigation tranquille et sans problème à signaler...beaucoup de moteur cependant, un ronron lancinant couvrant toute conversation. Il y a des silences qui s'imposent sans angoisser les protagonistes. Le pilote automatique est en place, une personne sur le pont pour surveiller, les autres à rêvasser. Pour ma part, les matinales spéciales élections accompagnent les longues heures de traversée avec quelques jours de décalage. Les échos de la place de la Bastille résonnent au milieu de la grande bleue, un souffle de changement, un passage de témoin dans la tourmente européenne. A chaque escale, je fais le plein d'articles sur les nouvelles équipes qui se mettent en place, les sortants qui préparent leur reconversion, les alliés de dernière heure...le tout au milieu des calmes flots. Une avidité d'actualité difficilement explicable étant donné l'environnement. Certainement un résidu de la vie terrienne.

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Entre deux interviews, Gilles surclasse les décibels du moteur et vocifère : « Dauphins, dauphins... ».

Nous sommes aussitôt tous les trois à l'étrave, à plat ventre sur le pont, fascinés par le groupe d'une dizaine de dauphins venus joués avec la coque de Filou. Un spectacle d'un quart d'heure toujours aussi captivant. Ce n'est pourtant pas la première fois que nous en croisons mais l'enthousiasme est toujours le même.  

C'est bête à dire mais il n'y a rien à faire, flipper le dauphin et son cousin galak ont façonné notre inconscient collectif pour en faire de gentils bêtes. Ils sont pourtant énormes, leur mâchoires pas si amicales que ça mais c'est ainsi, le dauphin est l'ami de l'homme. Leur grâce emporte toute crainte. Cette rencontre suffit à remettre une couche de sourire à chacun.
http://youtu.be/2uXXrQVsTjQ (vidéo Youtube)

 

 

 

Nous atteignons port Cristo sur la côte sud de Majorque au coucher de soleil. Une armada de petites barques nous accueillent. L'heure de la pêche. Nous slalomons entre les frêles embarcations qui dérivent lentement, une traine derrière chacune d'elle. Nous tentons de les imiter mais sans résultat probant. Décidément, pour l'instant, nous ne pouvons pas nous targuer de nous nourrir des fruits de la mer. Au port, un gros hamburger arrosé d'une bière compensera ce relatif échec.

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Le lendemain, nous décidons de faire escale à la pointe Sud, sur une toute petite île, réserve ornithologique et marine, l'île Cabrera. Une baie quasiment fermée accueille quelques voiliers. Un mélange de lac canadien et de lagon polynésien...si vous voyez ce que je veux dire.

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Le hors saison a du bon, il est indiqué qu'au cœur de l'été, il faut réserver sa bouée bien à l'avance si l'on veut pouvoir profiter de l'endroit. Seul un sentier allant desquelques maisons qui constituaient une ancienne garnison au phare de l'île est autorisé pour mettre pied à terre. Des odeurs de conifères et d'aromates méditerranéens accompagnent notre ballade. 

DSCN0382Laurène donne le rythme au grès de sa boiterie. Nous irons jusqu'aux ruines d'un fort dominant la baie, tranquillement. Pour la suite, la belle estropiée nous autorisera à finir la marche, Gilles et moi pendant qu'elle tente la balnéothérapie.

DSCN0396Un chemin sinueux mène au sommet d'un promontoire où est perché le phare de l'île directement sorti d'un épisode de tintin. Nous sommes seuls. 

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Une baignade accompagnée des nombreux poissons fiers de leur immunité de réserve naturelle vient clôturer cette belle escale.

 


DSCN0414Lorsque vers 21h, nous nous détachons des côtes de ce petit paradis, le soleil se couche et la lumière du sentinelle s'allume. DSCN0426Une nuit de quart au moteur nous mènera à Ibiza.

 

Publié dans Méditerannée

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C
Que de rêve en lisant tout ça ...! Profitez-en bien, et surtout savourez!<br /> Laurène, décidément tes pieds ne sont pas tes meilleurs amis! Dis moi juste que c'est pas le même qu'au parapente!! bises du baleineau en puissance!
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E
Cela me paraît bien idyllique (paysage terrestre, sous marin, coucher de soleil, dauphins...) de quoi donner à tout un chacun l'envie de partir voyager<br /> Laurène soigne bien ton pied c'est important pour la moto au retour /;-)))<br /> Bises àtous<br /> Bon vent<br /> Elgé
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